Brin d'Amour àTrinité
Brin d’amour, tout un programme
" Notre Brin d’Amour est si unique, annonce Josèphe Délise, que Max Ransay en a fait une chanson à succès". Pas qu’un peu chauvine, la Trinitéenne des hauteurs du bourg.
S’il débute aujourd’hui avec l’épicerie Domarin, traverse, la route nationale, pour serpenter 1,5 km plus loin, "nan bouk" à la "Citerne
Pour certains le nom de « Brin d’amour » viendrait de l’amour partagé entre les grands parents des actuels résidents. Pour d’autres, il se serait agi dès le début d’un quartier résidentiel où békés et mulâtres, s’entendaient si bien, qu’ils allaient chasser ensemble ; un peu plus haut au lieu-dit "Ti bois". Mais il y a d’autres versions !
" Pa izé soulié mwen an, souplé"
En plein cœur de « Brin d’Amour » au lieu-dit « Chemin des Quenettes » habite Josèphe Delise, ancienne ouvrière agricole, 67 ans, sept enfants. Elle est née et a toujours vécu dans cette verdure. Elle est la fille d’ouvriers agricoles travaillant sur l’habitation du Galion et elle explique : « Avant de devenir propriétaire, le patron de l’habitation a d’abord loué pour ses ouvriers et ensuite les enfants ont acheté ou construit. Il s’agit des Delise, Pintor, Fortas et autres. ».
Elle a bien connu l’époque de la guerre, dite " antan Robè » où avec sa mère et sa sœur, elles grimpaient en haut du morne dans les bois, échanger du sel, du sucre, de l’huile, du pétrole contre des légumes. Josèphe sourit quand elle évoque cette époque " C’était le même rituel : il fallait arriver à la « Citerne » les pieds nus. Pourtant nos parents nous donnaient des « alpaga », sortes de chaussures à brides. Mais ma mère disait : « Pa izé soulié mwen an, souplé. Lè zot rivé « la Citèn’ météi an pié zot » (n’usez pas mes souliers s’il vous plaît. Ce n’est qu’arrivée à la Citerne que vous pourrez les mettre). La mère était vigilante et même si ces jeunes filles rêvaient de coquetterie c’est la couturière de la famille qui confectionnait les mêmes robes longues. Josèphe se rappelle de sa dernière raclée à dix huit ans quand elle passa outre les interdictions et alla au cinéma voir « Cet homme est dangereux » avec Eddie Constantine. A son retour la maîtresse de maison lui joua « Cette femme est dangereuse » avec une liane de calebasse.
Robert Despointes et son cousin
Si l’on écoute Maurice Domarin dont le père, surnommé Diogène agriculteur, épicier, tenancier de débit de la régie, se transformait en boucher le dimanche, l’histoire est différente. Il avait 9 ans, quand Robert Despointes s’est fait assassiner, dans son "chateau" (devenu par la suite le restaurant gastronomique l’Ami Fritz, puis l’hôtel "le Brin d’Amour") ; et aujourd’hui, du haut de ses 77 ans : il sait " C’est lui qui a permis aux ouvriers du Galion de construire à crédit leur maison ici ; car il avait une quincaillerie".
Décidemment intarissable, il poursuit : " En face de chez mon père, il y avait les Mathieu, des békés dont la maison serait aujourd’hui à vendre. Un peu plus haut, l’abbé Yvon, non loin de ce qui deviendra plus tard, les liqueurs Vergison et leur verger ; à la croisée, c’était le château de Robert Despointes. Et en haut, à l’amplacement du foyer de Charité le château de Raymond Despointes, surnommé "bwa goyav' " le cousin de Robert.
Un peu plus bas, la maison de Alic Rimbaud, un mulâtre qu’on a retrouvé mort chez lui dans les années cinquante. C’est là qu’a résidé Charlemagne, jusqu’à ce qu’on ne vende dernièrement à des promoteurs immobiliers." Le matin pour se rendre à l’école, Maurice descendait la route de Brin d’Amour : Plongée dans ses souvenirs de petite enfance, « Il y avait là, la famille Lémus. Et la famille Cléris la famille Toto la distillerie Guyon-Firmin
©Eric Hersilie-Héloïse/ Joseph Valey
Hors-texte
Josèphe Delise
Ancienne ouvrière agricole, Josèphe est "natif natal" de Brin d’Amour. Elle a toujours vécu là, au "deuxième mitan" de ce quartier, dont la rue unique, mène à la sous-préfecture du nord.
La maison des Rimbaud :
Tombée en ruines vit ses dernières heures. Charlemagne le dernier habitant de cette demeure du début du siècle dernier, a déménagé pour aller vivre en cité. Charlemagne, 67 ans, célibataire endurci avait gardé ses habitudes de jeune homme. Vers 17/18 heures, il descendait la route du Brin d’Amour et rejoindre sur la place joyeuse ses amis de toujours : ses « camaro ». Vers 23 heures il rentrait au bercail : un rituel de plus de 40 ans !
« Brooklyn » : quartier général récent, lieu de rassemblement des jeunes du quartier. Entre les racines des arbres, ils ont aménagé des bancs de fortune avec des planches de récupération. Surplombant un virage ce nouveau « Sénat », comme on aime dire à Trinité, donne un peu de vie au quartier. Le monde se fait se défait au rythme des discussions entre copains ; au son du dancehall et du RnB.
Les « Mimy » : Juste avant le pont Corée au lieu « Chemin Poix Doux » : un gîte rural qui ressemble fort à une auberge. L’oeuvre de Guy Vanitou, enseignant à la retraite, ancien dirigeant de la Gauloise. Et
Le chateau Despointes :
Monumental, cet édifice remonte à la période où l’île verra surgir des "villas", du type de celle d’Eugène Aubéry, à Ducos. Son constructeur, quincaillier, promoteur de Dénel, la première conserverie d’ananas à laissé un souvenir impérissable à Trinité. Hélas, un meurtre s’y est produit et depuis, certains disent "kay tala ni an pichon"
Trinité en chiffres :
Née en 1658, elle devient paroisse, avec 3 quartiers : le Petit la rue Paille. Aujourd
* 57 quartiers, regroupant 12 890 habitants sur 4 577 hectares ; soit une densité de 282 habitants/km2.
* 5210 logements : dont 4423 résidences principales, et 201 secondaires. Etant entendu que 42 % des ménages sont propriétaires.
* 450 commerces
*278 exploitations agricoles sur 35 % du territoire ; soit 1 559 hectares
*89 professionnels de la pêche