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Vivrauxantilles
22 avril 2008

Pointe de la Vierge

Un homme un quartier

A l'ombre de la Pointe de la Vierge

" Ils en seront sur le c… quand ils sauront que je ne suis pas de Didier, mais de la Pointe de la Vierge", marmonne Jean Emmanuel-Emile, en gravissant, la rue de la Claire Fontaine; dont le nom vient de l'époque où les riverains n'avaient qu'une seule fontaine publique pour leurs besoins quotidiens.  Nous sommes à  la Pointe de la Vierge, quartier né dans les années 50, entre mer et Lycée technique, Pointe des Nègres et Texaco.

   On se croirait à la rue Monte au ciel, du Saint-Pierre d'avant 1902: bordée de maisonnettes bourgeoises,  la voie principale, monte à pic, pour se fondre dans une volée de marches d'escalier. Atmosphère caribéenne. Sentiment d'entrer dans un univers où les uns et les autres, ont souffert ensemble; pour donner à leurs enfants un mieux-être social; eux qui au début des années 50 inauguraient le terme d'"occupants sans titre"

Au temps de la carrière Blanchard

"J'ai vu venir des ouvriers munis de pinces à démolir, pour nous chasser d'ici. Même une fois, j'étais enceinte de Jean, je leur ai dit: Je ne bougerai pas de la maison, sans que le chef de famille soit revenu" se souvient la mère de notre guide; une chabine kalazaza, née à Sainte-Luce, dans la famille Bellay.

Son mari? Une force de la nature surnommée "Danjé". Un pêcheur de Ste-Anne qui sera tour à tour, brancardier à l'hôpital civil puis à la maternité de Redoute et enfin, gardien de la maison des sports de la Pointe de la Vierge: tout cela sans abandonner son activité de pêcheur, ni délaisser Sainte-Anne, commune où il se rendait tous les dimanche, à bord de sa yole.

" Maintenant, on vit bien, confie Pierre Thimon. La municipalité nous a donné nos titres de propriété. Mais avant, du temps de la carrière Blanchard ( site de l'actuel SERFASSO), l'insécurité régnait ici. C'était chercher l'eau à l'unique pompe du quartier, jeter les tinettes au lever du jour et toutes ces choses d'un autre temps; alors que nous étions au milieu des années 60."

Si Texaco la voisine cadette, naît de l'occupation d'un entrepôts d'une compagnie pétrolière, la Pointe de la Vierge est directement liée à l'entreprise Blanchard. En d'autres termes,  la carrière. Là où on faisait exploser des parois de roches. C'est pourquoi il était interdit d'y habiter. D'ailleurs, les tous premiers habitants du lieux avaient été déplacés au morne Calebasse

Pourtant, au milieu des années 50, trois irréductibles familles de  pêcheurs avaient préféré le danger des explosions, à la précarité du logement.

Le rendez-vous gastro de Viviane Emigré

"Je me souviens que mon enfance a été bercé par les explosions rocheuses de la carrière, se souvient Jean. Ca ne nous empêchait pas de faire des concours de "léchtièt" (plongeon à pic) au pied de la vierge". Car la pointe porte le nom d'un oratoire, servant d'ailleurs de cap aux pêcheurs désirant accoster.

" A plusieurs reprises, la vierge est tombée à l'eau", dit-on. Puis, on a déplacé vierge et oratoire pour les mettre au fond de la cour du SERFASSO. Enfin la vierge a disparu, ne laissant que l'oratoire, vide; baptisé depuis "grotte de la pointe de la vierge".

C'est cette histoire, et bien d'autres, que Jean-Michel Galva a décidé de raconter aux touristes. Il y a quelques années, avec ses deux frères, il a monté l'Aventurier, un "bar restô branché gastro" " spécialisé dans les steaks imposants" précise Jean l'épicurien. Intarissable, il ajoute: " Lorsque Viviane Emigré vient en Martinique, elle exige de dîner au moins une fois là".

Toujours est-il qu'au fait des projets d'agrandissement du "Malecon", Jean-Michel a décidé de proposer un tourisme urbain nouveau.

"On va les chercher au débarcadère en yole, on leur fait visiter la baie, puis on remonte le canal Levassor. Entre-temps, on les a fait pêcher à la traîne. Et nous revenons ici pour le baptême de la mer, où nous faisons cuire le produit de la pêche, après une visite de Texaco et Pointe la Vierge. Le tout accompagné par les musiciens de l'AM4. Quand on dit que Foyal est la ville capitale, nous comprenons qu'il faut se mettre au combat", conclut l'enthousiaste.

Ca change de la sinistrose ambiante!

© Eric Hersilie-Héloïse

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